"Un château peut en cacher un autre"
Catherine Panchout
VERNISSAGE
mercredi 27 septembre de 18H à 21H
EXPOSITION
27.09.2023 - 07.10.2023
Le chef-d’œuvre intemporel de François Mansart a suscité des passions et ambitions de bâtir une réplique similaire à des époques différentes. Sa construction, ses copies, la restauration et la mémoire du patrimoine architectural inspirent les variations photographiques autour de ces trois châteaux. Le passé serait il plus inspirant que le présent ?
1651 : Château de Maisons-Laffitte par François Mansart
1878 : Réplique du château à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris
2004 : Réplique du château à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Pékin
Château de Maisons, 1651.
Il est construit à Maisons-Laffitte dans un parc de 330 hectares en bordure de la forêt de Saint-Germain en Laye, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Paris. Commandé par le banquier René de Longueil à l’architecte François Mansart, il est une réussite absolue d’équilibre, de proportions et d’harmonie. L’escalier est le premier de ce type, avec une rampe déployant ses balustres en entrelacs et recouvert d’une coupole ovale. La multiplicité des fenêtres ouvertes en symétrie sur les deux façades font la particularité de ce château conçu pour l’apparat. Exemplaire par sa modernité, il préfigure l’art classique et annonce le château de Versailles. L’architecte Charles Perrault en fait l’éloge : « Le château de Maisons est d’une beauté si singulière qu’il n’est point d’étranger qui ne l’aille voir comme l’une des plus belles choses que nous ayons en France ».
Certains de ses propriétaires successifs apportent leur contribution. Jean-René de Longueil mène de remarquables expériences botaniques dans le jardin. Le comte d’Artois, passionné par les chevaux, crée l’écurie anglaise et des pistes d’entrainement le long de la Seine, faisant de la ville la Cité du Cheval. Une orangerie et un jardin anglais sont aussi créés. Le banquier Jacques Laffitte fait du château un lieu de fêtes et de réunions politiques, et de la ville un lieu de villégiature en vendant des terrains constructibles dans le Parc. Ainsi nait la première cité-jardin de la région parisienne avec de belles demeures. Le château de Maisons est vendu à l’Etat en 1905.
Château de Saint Martin du Tertre, 1878.
Il est construit à Saint-Martin-du-Tertre dans un parc de 98 hectares, à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris. A la demande du duc de Massa, l’architecte Hippolyte Destailleurs bâtit une réplique du château de Maisons et de ses deux pavillons d’entrée, complété par des répliques de la rotonde, l’orangerie et des sculptures vues à Versailles. Grand mélomane, compositeur, photographe, collectionneur et mécène, le duc de Massa fait de son domaine un lieu de réception prestigieux dédié aux Arts et à la musique. Dans un petit théâtre à l’italienne, en bois, inspiré du grand théâtre de Bordeaux et relié par une galerie souterraine au château, des opéras y sont joués par les musiciens et chanteurs de l’Opéra de Paris dans les décors de l’Odéon. Un petit château est construit à l’entrée du domaine pour accueillir les musiciens et invités. Passionné d’horticulture, il cultive de très nombreuses plantes exotiques rares dans une quarantaine de serres. Dans le parc apparaissent fontaines, bassins, ponts, embarcadère en bois inspiré des isbas et rivière artificielle.
A la mort du duc en 1913, son héritier vend le château qui est transformé en hôpital avant d’être abandonné pendant une trentaine d’années, saccagé dans l’indifférence générale, avant qu’une association réunissant des passionnés du lieu mène des travaux conservatoires immédiats. Sa nouvelle propriétaire russe le restaure actuellement pour le transformer en hôtel.
Château Zhang-Laffitte, 2004.
Il est construit à une vingtaine de kilomètres au nord de Pékin, à 8000 km de l’original découvert à Maisons-Laffitte par Zhang Yuchen, un ancien garde rouge devenu promoteur immobilier. C’est un coup de foudre, l’équilibre classique de cet édifice harmonieux lui apparait comme l’essence même de l’esprit français et le symbole de l’élégance. Il décide aussitôt de construire le même et d’inaugurer son château dans trois ans Il annule sa visite des vignobles du Bordelais organisée avec l’idée de se lancer dans la viticulture en Chine. Pari tenu, son château est construit trois ans plus tard jour pour jour. Il est encadré par deux ailes copiant celles du château de Vaux le Vicomte, les parterres sont inspirés aussi de ceux de Vaux-le-Vicomte. La cour est fermée par une colonnade copiant celle à Rome construite par Le Bernin. Un canal circulaire est creusé inspiré de l’original; deux répliques miniatures en pierre du pont Alexandre III à Paris l’enjambent. Admirateurs de la littérature française, Monsieur Zhang et son épouse ont l’ambition de faire découvrir à leur concitoyens l’architecture et l’Art de vivre à la française. Le château est devenu un hôtel pourvu d’un restaurant français et d’un musée du vin.
Catherine PANCHOUT
Après avoir été l’assistante de Peter Knapp, Catherine Panchout est photographe de mode et décoration pendant une quinzaine d’années pour les magazines et la publicité. Depuis 1995, elle consacre ses reportages aux univers d’artistes, à l’art de vivre et à l’architecture.
Parmi sa bibliographie :
Ateliers au féminin, éditions Au même Titre, 1999
texte Yves Michaud
L’atelier de Carole Benzaken, éditions Thalia, 2009
texte Thierry Novarese
Hydra vues privées, éditions Gourcuff Gradenigo, 2015
texte Catherine Panchout
Les Pionnières, éditions Somogy, 2018
texte Valérie de Maulmin, Elisabeth Vedrenne
Les Authentiques, éditions Flammarion, 2020
texte Yves Michaud
Depuis 2009, les publications des livres ont donné lieu à des expositions à la galerie Pierre-Alain Challier.